Bronchiolite chez le nourrisson : un nouveau vaccin destiné aux femmes enceintes approuvé

Bronchiolite chez le nourrisson : un nouveau vaccin destiné aux femmes enceintes approuvé

Après l’arrivée du Beyfortus (anticorps monoclonal) en 2023, un nouveau vaccin destiné aux femmes enceintes renforce désormais les stratégies de prévention contre le Virus Respiratoire Syncytial (VRS ou RSV en français). Le vaccin ABRYSVO®, développé par Pfizer et récemment approuvé au Luxembourg, est un vaccin inactivé protéique bivalent. Contrairement au Beyfortus, qui agit en administrant directement des anticorps aux nouveau-nés, ce vaccin repose sur un autre mécanisme : vacciner la mère dès la 32ème semaine de grossesse. Celle-ci produira des anticorps qu’elle transmettra à son bébé via le placenta, le protégeant ainsi durant ses premiers mois de vie. Ce vaccin sera disponible à partir de septembre. Parlez-en à votre gynécologue.

Photo d'une femme enceinte

En avril 2024, le Conseil Supérieur des Maladies Infectieuses (CSMI) a en effet émis de nouvelles directives visant à renforcer la protection des nourrissons contre le RSV. Ces recommandations préconisent une double stratégie : soit l'administration du Beyfortus © (Nirsevimab) aux nourrissons, un anticorps monoclonal déjà employé au décours de la dernière épidémie RSV (2023-24), soit la possibilité de vacciner les femmes enceintes. Ces mesures visent à offrir une protection saisonnière optimale aux nouveau-nés et aux petits nourrissons pendant la période de circulation du RSV, de septembre à février.


Photo du Dr De La Fuente

Pourquoi une double stratégie ?

Dr Isabel De La Fuente, médecin chef du service Pédiatrie et médecin spécialisé en maladies infectieuses : « Une double stratégie est en effet essentielle pour assurer une protection complète et continue contre le RSV. Elle repose sur trois raisons principales :

  • Il existe des situations où le vaccin contre le RSV n’est actuellement pas encore  recommandé (par manque de données) et où le Beyfortus © est quant à lui éligible :
    • Les grossesses multiples.
    • Les grossesses à risque d'accouchement prématuré.
    • Les grossesses non physiologiques avec des mères présentant des comorbidités (diabète, hypertension artérielle, etc.)
  • Cette stratégie double permet de mieux gérer les imprévus liés aux difficultés d'approvisionnement des vaccins, telles que les ruptures de stock ou les problèmes de livraison.
  • Certains enfants  très fragiles (avec cardiopathies instables, mucoviscidose, oxygénothérapie à domicile, etc.) sont éligibles pour une protection contre le RSV également pendant la deuxième année de vie et nécessiteront une injection de Beyfortus lors de leur 2ème saison de circulation RSV (car tant le vaccin pendant la grossesse que l’injection du Beyfortus pendant la 1ère année de vie ne vont protéger contre l’infection à RSV que pendant une durée limitée de plusieurs mois). »

Vaccination des femmes enceintes contre le RSV : ce qu’il faut retenir

Le vaccin ABRYSVO®, disponible au Luxembourg depuis ce mois d’août 2024, peut désormais être administré aux futures mamans pour protéger les bébés nés à partir de septembre.

  • Qui est éligible ?

Toutes les futures mamans en bonne santé, dont la grossesse se déroule harmonieusement et dont l'accouchement est prévu entre septembre et février, peuvent se faire vacciner dès la 32e semaine de grossesse (et jusqu’à 36 semaines de grossesse).

  • Pourquoi seulement à partir de la 32e semaine ?

Dr De La Fuente explique ce choix du Conseil Supérieur des Maladies Infectieuses, dont elle fait partie : « Nous avons privilégié la sécurité. En termes de profil de sécurité, les résultats des études menées sur le vaccin RSV étaient globalement très rassurants. Une étude majeure, nommée "Matisse", ayant inclus plus de 3.000 femmes dans un essai randomisé et contrôlé, n’a pas démontré de malformations chez les nouveau-nés ou d'événements indésirables statistiquement significatifs. Cependant, bien que non statistiquement probant, une légère augmentation des accouchements prématurés a été observée dans une population spécifique, notamment dans les pays à revenus intermédiaires. Cette approche dans le protocole de vaccination vise donc à éviter la période où le risque d’accouchement prématuré est plus élevé, garantissant ainsi un programme de vaccination très sûr. À l'avenir, avec l'accumulation de nouvelles données post-commercialisation de sécurité vaccinale (provenant par exemple des États-Unis), il est probable qu'au Luxembourg, la vaccination soit un jour conseillée plus tôt dans la grossesse, c’est-à-dire dès la 24e semaine d’aménorrhée. »

  • Comment fonctionne le vaccin et quels sont ses avantages ?

Contrairement au traitement Beyfortus ©, administré directement au bébé pour une protection quasi immédiate, le vaccin ABRYSVO®, classique et sans adjuvant, est un vaccin protéique inactivé injecté cette fois-ci à la mère. La maman produit des anticorps qui sont transmis passivement au bébé via le placenta, offrant ainsi une protection dès la naissance. Dr De La Fuente : « Le mécanisme d’action du vaccin et des anticorps monoclonaux est très similaire, puisqu’ils ciblent tous deux une région très spécifique : la protéine en forme préfusion du virus respiratoire syncytial (RSV), avec une très bonne réponse immunitaire dans les deux cas. Dans les études de pré-commercialisation, le vaccin permettrait, lui aussi, de diminuer d’environ 70 % les tableaux sévères liés aux infestions RSV (ex. : insuffisances respiratoires) et des hospitalisations chez les nourrissons. L'avantage de cette stratégie est qu'elle permet d'éviter une injection supplémentaire pour le bébé, tout en assurant que celui-ci soit protégé dès sa naissance. Pour moi, c'est le principal avantage du vaccin : le bébé naît déjà protégé. »

Comme les deux stratégies se basent sur une immunisation passive des nourrissons (les nourrissons « reçoivent » directement les anticorps contre le RSV), la durée de protection est limitée dans le temps permettant de protéger pendant 5-6 mois après la naissance ou après l’injection. Cependant, cette durée de protection permet de protéger le nourrisson pendant la durée de haute circulation du virus et pendant la période de vie la plus vulnérable aux infections RSV.  

  • Quels sont les éventuels inconvénients de la vaccination ?

Dans ce contexte, deux principaux inconvénients de la vaccination peuvent être soulignés :

  • Une injection supplémentaire pour la maman, ce qui peut être une source de stress ou d'inconfort.
  • Un calendrier vaccinal chargé. Selon le Dr De La Fuente : « Le calendrier vaccinal pour les femmes enceintes est déjà bien rempli. En plus du vaccin contre le RSV, les femmes enceintes devraient se faire vacciner contre la coqueluche, en raison de sa circulation active et du risque d'infection grave pour les nouveau-nés. Elles devraient également se faire vacciner contre la grippe de façon saisonnière, et  la saison de la grippe coïncide souvent avec celle du RSV. Les femmes enceintes peuvent se retrouver avec au moins trois injections de vaccin pendant la grossesse : coqueluche, grippe et RSV. À cela s'ajoute le vaccin contre la Covid-19, recommandé par le Conseil Supérieur des Maladies Infectieuses, surtout pour les femmes enceintes présentant des comorbidités augmentant leur risque d’infection COVID-19 grave (diabète gestationnel nécessitant un traitement médicamenteux, obésité, maladies pulmonaires ou cardiaques sous-jacentes…). La gestion de ce calendrier vaccinal chargé nécessite une coordination soignée. Bien que cela soit faisable, cela demande une planification rigoureuse de la part des professionnels de santé et des futures mamans. »

Dr De La Fuente conclut : « Malgré les inconvénients potentiels de la vaccination, les stratégies de vaccination pendant la grossesse sont primordiales, car elles contribuent à réduire la mortalité et la morbidité des maladies infectieuses, tant pour la mère que pour leur futur bébé. La vaccination contre le RSV, en particulier, est essentielle pour protéger le nouveau-né durant les 5 à 6 premiers mois de sa vie. »