La ministre de la Santé, Paulette Lenert, a présenté le projet-pilote de réseau de prise en charge pluridisciplinaire du long-COVID lors d’une conférence de presse. Prévu pour une période de 6 mois, ce projet-pilote a été élaboré afin de répondre de manière adéquate à l’émergence inquiétante de ce nouveau problème de santé publique.
En effet, une proportion non négligeable de patients atteints de la COVID-19 gardent des séquelles de la maladie sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Ces patients peuvent avoir une fatigue persistante, des troubles neurologiques (cognitifs, sensoriels, céphalées, « brouillard cérébral »), des troubles cardiaques (douleurs et oppressions thoraciques, tachycardie, dyspnée, toux), ou encore des troubles de l’odorat et du goût. Des douleurs articulaires, des troubles digestifs et cutanés sont également fréquents. Les symptômes varient dans leur présentation et intensité, et peuvent aussi fluctuer dans la durée. On parle généralement de « long-COVID » si les symptômes persistent au-delà de trois mois après la phase aiguë d’infection.
« De nombreux patients ne parviennent pas à se remettre de leur phase post-aiguë, ils voient leur vie « brisée », ne parviennent pas à reprendre une activité professionnelle ni même les activités habituelles de leur vie journalière. Ils ne se reconnaissent plus dans leur vie quotidienne et souffrent de différents maux qui ne leur permettent pas de retrouver leur vie d’avant. Ceci m’a interpellé. », a expliqué Paulette Lenert, pour qui « une démarche pragmatique, rationnelle et scientifique de prise en charge de ces patients, dans le cadre d’une décision médicale partagée, pluridisciplinaire, s’avère nécessaire. »
Il est estimé qu’environ 1% des presque 70.000 cas de personnes infectées à ce jour au Luxembourg depuis mars 2020, sont concernés, donc environ 700 patients.
Prise en charge pluridisciplinaire des patients long-COVID
« Dans la grande majorité des cas, la prise en charge de ces symptômes prolongés, au cours d’une maladie COVID-19, est réalisée en soins de première ligne par des médecins généralistes. Toutefois, pour un certain nombre de patients chez qui des symptômes lourds persistent, la réalisation d’examens complémentaires et une prise en charge pluridisciplinaire coordonnée en milieu hospitalier sont nécessaires pour exclure une décompensation de comorbiditéssuite à la COVID-19. » a commenté le Dr Stéphanie Obertin, présidente du Cercle des médecins généralistes.
Une documentation, en lien avec les différentes étapes de prise en charge, doit être conduite en parallèle, de manière structurée, afin d’étayer d’éventuels travaux de recherche.
Un examen clinique approfondi, une écoute empathique et une exploration du patient dans sa globalité sont nécessaires pour porter un diagnostic en rapport avec ces symptômes prolongés. La prise en charge comprend une anamnèse spécifique, la mesure des paramètres vitaux, l’utilisation d’échelles d’évaluations validées et d’un bilan paraclinique parcimonieux.
« La prise en charge de la nouvelle pathologie long-COVID doit se faire en partenariat avec les médecins généralistes et les établissements de la rééducation ainsi que tous les autres spécialistes de rééducation de manière à développer un réseau de prise en charge dédié. », a souligné la ministre.
À cette fin, une convention de financement a été signée avec les structures partenaires du réseau, notamment le Service national des maladies infectieuses du Centre hospitalier de Luxembourg (CHL), le Centre National de Rééducation Fonctionnelle et de Réadaptation (REHAZENTER) et le Domaine Thermal Mondorf.
Comme l’a précisé le Dr Gaston Schütz, Directeur-général du REHAZENTER : « À ce jour, les traitements des patients long-COVID sont essentiellement symptomatiques et la rééducation y occupe une place centrale: rééducation respiratoire en cas de syndromes pulmonaires, rééducation olfactive en cas de troubles de l’odorat persistants ou réentrainement à l’effort qui doit être mené de façon progressive et adaptée aux possibilités de chaque patient. »
« L’écoute, l’accompagnement et l’éducation des patients font partie intégrante du traitement de manière à apprendre aux patients à s’autogérer, connaître leurs limites mais aussi à continuer des activités physiques même modérées en l’absence de contre-indications. », a ajouté Pierre Plumer, Directeur-général Domaine Thermal Mondorf.
En outre, l’exploration de troubles anxieux et dépressifs, de troubles fonctionnels et la proposition d'un soutien psychologique voire psychiatrique sont à envisager à toutes les étapes du suivi.
Cette prise en charge sera dès lors accessible aux patients au niveau national dans une organisation pluridisciplinaire afin de leur offrir de manière individualisée et optimale des services multidisciplinaires de rééducation, de réadaptation et de soutien.
Parcours clinique du patient
Le parcours clinique d’un patient long-COVID se fait en 3 grandes étapes :
1.
Un patient qui présente des symptômes de long-COVID doit consulter en premier lieu son médecin généraliste (ou spécialiste), qui l’oriente vers la consultation « long-COVID » selon des critères d’admission bien définis et dépassant les possibilités des soins primaires, donc uniquement si un bilan hospitalier complémentaire et/ou une prise en charge pluridisciplinaire est nécessaire.
2.
Ensuite, le patient prend rendez-vous au Service national des maladies infectieuses (SNMI) du CHL.
« Lors de sa première consultation, une anamnèse complète du patient sera faite avec un Case Manager, sur base d’un questionnaire standardisé, permettant d’identifier les symptômes prédominants qui nécessiteront une éventuelle exploration, mais aussi de déterminer le critère d’urgence et de priorisation pour la prise en charge. Après consultation avec le médecin coordinateur du bilan patient, une décision sur l’orientation thérapeutique au sein du réseau de compétences est prise, sur base des besoins spécifiques du patient. » a expliqué le Dr Thérèse Staub du SNMI.
3.
Si une prise en charge spécialisée s’avère nécessaire, le patient est transféré aux structures partenaires, donc soit au REHAZENTER, soit au Domaine Thermal Mondorf.
« Il est primordial que les patients long-COVID soient pris en charge de manière adaptée et qu’on leur évite un parcours diagnostique long et épuisant. » a conclu la ministre.
Le budget dédié au projet-pilote qui sera lancé au 1er août, se chiffre à 1,01 million €.
Communiqué par le ministère de la Santé, le Centre Hospitalier de Luxembourg (CHL), le Centre National de Rééducation Fonctionnelle et de Réadaptation (REHAZENTER) le Cercle des médecins généralistes et le Domaine Thermal Mondorf