Depuis le lundi 04 mai 2020, les activités programmées non urgentes dans toutes nos spécialités médicales et chirurgicales ont repris progressivement. Pour ce faire, le CHL a repensé ses circuits d’admission et de consultation pour garantir une prise en charge en toute sécurité.
Dès votre arrivée, vous êtes invité(e) à vous désinfecter vos mains et à mettre un masque que vous conserverez jusqu’à la sortie de l’hôpital. Votre température est contrôlée et vous êtes orienté(e) dans la filière appropriée.
Pour votre sécurité et celle des autres, nous vous demandons aussi de respecter un certain nombre de consignes de sécurité lors de votre passage au CHL:
Vous présenter juste à l’heure, une avance de 10 minutes est suffisante pour réaliser les formalités administratives
De préférence ne pas venir accompagné
Vous devrez vous munir de votre convocation papier (ou du rappel SMS) indiquant l’heure et le lieu de votre rendez-vous.
Les consultations sont espacées dans le temps, les salles d’attente réaménagées pour assurer le maintien des distances entre patients lors de leur séjour au CHL.
Après votre consultation vous serez dirigé(e) vers le circuit de sortie.
Le premier des 60 patients luxembourgeois qui participeront à l'essai clinique européen «Discovery » a été recruté aujourd'hui au CHL. L'étude, coordonnée par l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), vise à tester quatre thérapies expérimentales contre le COVID-19. Le premier patient inclus aujourd'hui s'est vu attribuer au hasard l'un des traitements prévus. Le CHL, et plus particulièrement son Service National des Maladies Infectieuses (SNMI) et son service de Soins intensifs, ainsi que les Hôpitaux Robert Schuman (HRS), en collaboration avec le Luxembourg Institute of Health (LIH), avaient précédemment rejoint le consortium de l'étude lors de son lancement, le 22 mars dernier.
COVID-19 est une maladie infectieuse causée par le nouveau coronavirus 2 du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS-CoV-2) et caractérisée par des symptômes pseudo-grippaux tels que toux, fièvre et, dans les cas plus graves, insuffisance respiratoire. Il n'existe actuellement aucun traitement spécifique pour COVID-19.
« Discovery » : une étude interventionnelle proactive
« Discovery » évaluera l'efficacité et l'innocuité de quatre molécules antivirales expérimentales qui pourraient être efficaces contre COVID-19, sélectionnées selon les dernières preuves scientifiques. Il s'agit notamment du remdesivir, du lopinavir, du ritonavir, du lopinavir-ritonavir associé à l'interféron bêta1 et de l'hydroxy-chloroquine, qui sont classés comme traitements expérimentaux prioritaires par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Les molécules seront administrées à travers quatre modalités de traitement différentes, en parallèle avec les soins standard qui seront pris comme référence. À savoir, les modalités comprennent le remdesivir avec les soins standard ; une combinaison de lopinavir et de ritonavir avec les soins standard ; cette dernière combinaison en présence d'interféron bêta ; et l'hydroxy-chloroquine avec les soins standard. Ces options de traitement seront attribuées au hasard aux participants à l'étude, bien que les patients et les médecins sauront quelle modalité a été administrée. L'efficacité et l'innocuité des médicaments seront évaluées 15 jours après le recrutement de chaque participant. « Discovery » vise à inclure un total de 3 200 patients atteints de formes modérées à sévères de la maladie, originaires de plusieurs pays européens. La force de l'essai réside dans sa nature proactive et adaptative, qui permettra d'affiner les thérapies testées en temps réel, en excluant celles qui s'avèrent inefficaces et en les remplaçant par de nouveaux médicaments en cours de développement dans le cadre de projets de recherche en cours. Cela permettra d'identifier rapidement les traitements les plus efficaces et d'intervenir sur les patients atteints de COVID-19.
(1 Petite molécule produite par les cellules qui a des effets antiviraux et antiprolifératifs et qui est utilisée pour traiter la sclérose en plaques)
L'essai au Luxembourg : pratique clinique et recherche unissent leurs forces
L'essai est porté par le Dr Thérèse Staub (CHL), le Dr Jean Reuter (CHL) ainsi que le Dr Claude Braun (HRS) et le Dr Marc Berna (HRS), avec le LIH en tant que coordinateur pour le Luxembourg. L'équipe est responsable du recrutement des patients et coopère étroitement avec le Centre d'Investigation et d'Épidémiologie Clinique (CIEC) du « Department of Population Health » du LIH. Le lancement de l’étude a été facilité par la mobilisation du Ministère de la Santé et du Comité National d'Ethique de Recherche (CNER), qui ont permis la mise en place des procédures de révision et d’autorisations en urgence. « Nous sommes ravis d'avoir si rapidement commencé le recrutement des patients, que quelques semaines après le lancement officiel de l'essai clinique », déclare le Dr Staub, directeur du SNMI et investigateur principal de l'étude. « L'objectif du projet est de fournir des solutions de traitement concrètes à un nombre croissant de patients dans un état critique au plus vite. La collaboration étroite avec les autorités nationales compétentes et le LIH a été décisive pour assurer le déploiement rapide de l'étude, marquant ainsi le début de notre contribution à l'endiguement de la pandémie en cours au Luxembourg et à l'étranger », ajoutet-elle. « Nous sommes fiers d'avoir mis notre expertise dans la mise en place d'essais cliniques au service de la communauté luxembourgeoise en contribuant à l’implémentation de cette prestigieuse étude internationale », conclut le Prof Laetitia Huiart, Directrice du « Department of Population Health » du LIH et professeur affilié à la Faculté des Sciences, de la Technologie et de la Médecine de l'Université du Luxembourg. L'étude complétera également les données qui seront générées dans le cadre de «Solidarity », un essai clinique international sous les auspices de l'Organisation mondiale de la santé. « Discovery », coordonné par l'Inserm, est un essai européen soutenu financièrement à travers les projets européens « COMBACTE », « PREPARE » et « RECOVER ».
Quels sont les traitements actuels du Covid-19 et les traitements médicamenteux étudiés ? Vous trouverez des éléments de réponses ci-dessous.
Traitement non médicamenteux
La prise en charge actuelle du Covid-19 repose principalement sur le traitement des symptômes existants. Les patients atteints d'une forme sévère de la maladie ont souvent besoin d'un support d'oxygénation suite à un manque d’apport en oxygène dans l’organisme (hypoxie). L’oxygénation peut se réaliser par faible ou haut débit par ventilation non-invasive. Elle peut dans ces cas être administrée à l'aide d'un simple masque facial. Certains patients peuvent développer un syndrome de détresse respiratoire aiguë et justifier une intubation avec ventilation mécanique.
Traitements médicamenteux
Plusieurs médicaments sont reconnus pour avoir une efficacité in vitro ou sur les animaux sur des coronavirus proches du SRAS-Cov-2 (le SRAS-CoV à l’origine du Syndrome Respiratoire Aigu Sévère en 2002-2003 en Chine et le MERS-CoV à l’origine du syndrome respiratoire du Moyen-Orient en 2012-2013 en Arabie saoudite). Ils sont donc étudiés comme traitement potentiel dans le Covid-19. La connaissance de la structure du virus (par exemple des protéines présentes sur son enveloppe) ainsi que les mécanismes d’action des médicaments déjà commercialisés pour d’autres maladies nous permettent aussi d’établir d’autres candidats au traitement [1].
Les principaux traitements étudiés pour le Covid-19 sont discutés ci-dessous. L’Organisation Mondiale de la Santé propose une vue d’ensemble des candidats et les premiers résultats des études en cours [2]. Pour conclure de l’efficacité d’un de ces médicaments, les résultats des essais randomisés contrôlés (seule méthodologie scientifique reconnue pour évaluer l’effet d’un médicament) sont attendus. Des recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé existent pour mettre en place ces études [3].
Remdesivir — C’est un médicament utilisé pour traiter la maladie du virus Ebola et les infections au virus Marburg (virus endémique dans plusieurs pays d’Afrique). Il agit en perturbant l'ARN polymérase virale (enzyme permettant la synthèse d’ARN) ce qui ralentit la production d'ARN et la multiplication du virus. Son efficacité sur le SARS-Cov-2 a pu être démontrée in vitro (sur des cellules en culture) [4]. Plusieurs essais cliniques sont en cours.
Hydroxychloroquine/chloroquine — Ce sont des traitements employés contre le paludisme, en préventif comme en curatif et en rhumatologie dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde ou du lupus érythémateux disséminé. Du fait de leur toxicité et des nombreuses contre-indications, ces médicaments ne doivent en aucun cas être utilisés sans supervision médicale. Grâce à des études en laboratoire, l’efficacité de la chloroquine sur le SARS-Cov-2 a pu être démontrée sur des cellules en culture [4]. Il semblerait que l’hydroxychloroquine soit toutefois plus puissante que la chloroquine face au virus [5]. Beaucoup de données qui évaluent l’efficacité de ces médicaments ne sont pas encore publiées. Les premiers résultats semblent mitigés et ne mettent pas encore en avant un avantage clair mais les méthodes utilisées pour évaluer le médicament sont discutables : prises d’autres médicaments en même temps (comment savoir quel traitement fait effet ?), l’absence d’un groupe placebo / contrôle (sachant que beaucoup de patients développent des formes légères de la maladie, comment savoir si les résultats sont meilleurs avec le médicament que si l’on ne reçoit pas de traitement ?), le manque d’étude en aveugle (les médecins et/ou patients connaissent le traitement reçu, l’effet observé peut-il être dû à un effet placebo ?), des groupes avec des caractéristiques différentes (si le groupe qui reçoit le médicament est différent du groupe qui reçoit le traitement standard par exemple en âge, comment s’assurer que les résultats observés sont liés au médicament et non à d’autres facteurs ?). L’Organisation Mondiale de la Santé recommande que ces traitements soient cependant aussi étudiés pour une utilisation prophylactique (en prévention) [6].
Tocilizumab – Il est utilisé en rhumatologie pour traiter la polyarthrite rhumatoïde et agit en bloquant les récepteurs de l’interleukine 6 dont le taux est plus élevé chez certains patients Covid-19 en signe d’une suractivation de la défense immunitaire. Les résultats actuellement publiés ne présentent que des séries de moins de 20 cas, sans groupe de comparaison et ne permettent pas de conclure sur son efficacité. Des essais randomisés contrôlés sont en cours.
Lopinavir-ritonavir – Initialement utilisés pour le VIH, le seul essai randomisé contrôlé actuellement publié sur 199 patients avec une forme sévère de la maladie ne montre pas d’effet bénéfique de cette association [7].
Plasma de patients convalescent — Le but est de prélever le plasma par don du sang de patients guéris du Covid-19 (qui contiendrait des anticorps contre le Covid-19) pour l’administrer aux patients. Les études actuelles rapportent les résultats sur moins de 10 cas par étude et possèdent les mêmes défauts méthodologiques que ceux cités pour le traitement précédent.
Si vous souhaitez suivre les résultats des essais randomisés contrôlés en temps réel, un collectif européen regroupant plusieurs universités et instituts renommés réalise actuellement une cartographie des essais en cours ainsi qu’une méta-analyse des résultats dès qu'ils sont disponibles [8].
Ce lundi 20 avril, le Premier ministre, ministre d'État, Xavier Bettel et la ministre de la Santé, Paulette Lenert, se sont rendus au CHL pour une visite du Field Hospital.
Pour rappel, le gouvernement a procédé au site CHL Centre à l'installation d'une réserve de lits complémentaires non intensifs permettant d'accueillir un nombre plus important de patients COVID+ souffrant de problèmes respiratoires. Les installations du Field Hospital comportent également une "tente de tri" permettant d’accueillir, d'évaluer, de trier et d'orienter les patients non programmés qui se présentent aux Urgences.
Cette nouvelle structure avait pu être fournie grâce au soutien matériel de la NSPA (NATO Support and Procurement Agency), en étroite collaboration avec l’Armée luxembourgeoise.
Lors de la visite, le nouveau scanner, fonctionnel depuis le 09 avril, a également été présenté. Ce dernier a été installé dans un module provisoire juxtaposé à la tente de tri.
La visite a été guidée par M. Paul Mousel, président de la Commission administrative du CHL, et les membres du comité de direction du CHL.
La recherche autour du Covid-19 se développe et s’organise. Comment donner accès le plus rapidement possible aux données existantes ? Quelles méthodologies de recherche privilégier ? Quelles sont les études cliniques en cours et les axes de recherches à privilégier ? Vous trouverez des éléments de réponses ci-dessous.
Un accès rapide aux données : la prépublication
Lorsque des auteurs soumettent un article à un journal scientifique, il est relu et commenté une à plusieurs fois par des pairs avant d'être publié. Ce processus peut prendre plusieurs mois mais il existe pour assurer la qualité scientifique de la publication. Dans un contexte d’urgence sanitaire, de nombreux journaux ont décidé de rendre possible la prépublication des articles afin de permettre un accès rapide aux données existantes sur le virus. Ceci évite une rétention des informations qui pourrait avoir un effet délétère sur notre capacité à gérer l’urgence sanitaire. Cela signifie aussi que la qualité des articles n’a pas encore été contrôlée par des pairs et que des modifications pourraient encore avoir lieues. Au 14 avril 2020, le site Pubmed (référence pour la recherche d'articles scientifiques) référence déjà plus de 4000 publications sur le Covid-19. Beaucoup de ces articles n’apportent pas de données sur le virus mais plutôt des avis d’experts et des recommandations.
Méthodologies de recherche
Notre connaissance actuelle sur le virus repose principalement sur les données en provenance de Chine. Nous ne savons pas, à l’heure actuelle, si elles peuvent être généralisées aux observations européennes. La plupart des études publiées sont actuellement rétrospectives (on récupère les résultats à posteriori ce qui peut fausser les résultats si l’information étudiée manque pour un grand nombre de patients), sans groupe de comparaison, ce qui rend les conclusions incertaines. Elles ont toutefois l’intérêt de nous informer sur les caractéristiques principales de la maladie.
Il existe déjà une trentaine de revues systématiques et/ou méta-analyses des données. Ce type d’étude, considérée comme l’une des plus fiables, a pour avantage de regrouper les données de plusieurs publications pour étudier un grand nombre de patients. Elles fournissent un résultat avec un intervalle de confiance qui permet d’établir la fiabilité de la conclusion.
Pour améliorer la qualité des données, une acquisition prospective de celles-ci doit être envisagée. Cela signifie que l’on récupère les données pertinentes pour répondre à une question après l’avoir établie. On limite ainsi le risque de données manquantes et augmente la qualité des résultats. En recherche clinique, on peut décider d’observer les résultats (étude observationnelle) ou d’intervenir sur la prise en charge du patient (étude interventionnelle). Dans les études interventionnelles, l’essai randomisé contrôlé est considéré comme l’un des plus fiables mais aussi comme l’un des plus contraignants. Il est notamment utilisé pour évaluer l’efficacité d’un médicament.
La recherche autour du Covid-19 ne se limite toutefois pas uniquement à la recherche clinique. De nombreux autres types de recherche peuvent nous aider comme la modélisation grâce à des modèles mathématiques, l’analyse du virus en laboratoire et/ou les essais sur des animaux.
Recherches cliniques en cours
Des centaines d’études sur le Covid-19 sont actuellement en cours ou en attente des dernières autorisations pour démarrer le recrutement des patients [1,2]. Le site clinicaltrials.gov [1] permet de rechercher ces études en fonction de leur statut, de l’âge des patients qu’elles incluent, du type d’étude et de bien d’autres critères. Chaque étude est accompagnée d’une description des objectifs, des critères de sélection des patients et des résultats récupérés.
Axes de recherche prioritaires dans le Covid-19
L’Organisation Mondiale de la Santé a publié les axes de recherche prioritaires en fonction de plusieurs thématiques [3]. Les recherches futures devraient donc s’orienter vers :
Le développement du virus, sa transmission et son diagnostic : développement du diagnostic, diffusion du virus et évolution naturelle de la maladie, mutations et adaptation du virus, immunité et modèles animaux.
Recherche animale et environnementale sur l'origine du virus et sa transmission à l’homme : animaux à l’origine du virus, facteurs socioéconomiques et comportementaux à l’origine de la propagation chez l’homme, réduction des risques de transmission à l’homme.
Etudes épidémiologiques : transmission du virus avant l’apparition des symptômes / chez les sujets sans symptômes, rôle des différents groupes d’âge dans la transmission du virus, infections et contagiosité chez l’enfant, effets des mesures « barrières » dans la transmission du virus.
Gestion clinique : facteurs pronostiques, sous populations (femmes enceintes, enfants, …), interventions améliorant les résultats cliniques chez les patients infectés.
Prévention et contrôle des infections, y compris la protection des travailleurs de la santé : efficacité des restrictions de déplacement, équipements de protection, facteurs influençant le respect des règles.
Recherche de médicaments: tests en laboratoire et sur l’homme, efficacité et sureté en traitement prophylactique et thérapeutique, combinaison de médicaments.
Recherche de vaccins : modèles animaux pour évaluer les candidats potentiels et leur efficacité.
Comment réalise-t-on le diagnostic du Covid-19 ? Ce diagnostic est-il fiable ? Est-il possible de l’améliorer et avec quelles techniques ? Vous trouverez quelques éléments de réponses ainsi que des liens vers les articles scientifiques pertinents à lire ci-dessous.
La méthode de diagnostic de référence du Covid-19 est la RT-PCR (Reverse-Transcription Polymerase Chain Reaction) à partir d’un prélèvement nasopharyngé. Cette technique de laboratoire permet de multiplier un fragment du génome du virus (ici de l’ARN) pour le rendre facilement détectable. Lors d’un test, un contrôle positif et négatif sont réalisés simultanément pour s’assurer que le test a bien fonctionné et qu’il n’y a pas de défaut technique ainsi que pour contrôler qu’il n’y a pas de contamination du test (par exemple par la personne qui manipule).
La première étape de la RT-PCR consiste à convertir l’ARN du virus (s’il est présent dans l’échantillon) en ADN. Ensuite, des amorces vont se fixer sur l’ADN pour initier la multiplication. Celles-ci ne font que quelques dizaines de bases (pour rappel, le génome d’un coronavirus fait environ 30 000 bases). Une enzyme appelé ADN polymérase va alors se déplacer sur le brin d’ADN et recréer synthétiquement un fragment du virus. Ce cycle va être répété à plusieurs reprises et le nombre de fragments d’ADN sera doublé après chacun d’entre eux. Si le virus est présent dans l’échantillon, il sera facilement détectable à la fin de la RT-PCR.
Comment choisit-on une amorce?
Les amorces peuvent être créées synthétiquement en laboratoire. Elles doivent être spécifiques à chaque virus étudié et ne doivent pas pouvoir s’ «accrocher» à d’autres virus, ceci afin de ne pas les amplifier s’ils sont présents dans l’échantillon. Pour le SRAS-Cov-2, les scientifiques ont tout d’abord isolé et séquencé son génome. En le comparant à d’autres virus, ils ont pu identifier plusieurs séquences de génome spécifiques au SRAS-Cov-2 et ainsi déterminer les candidats potentiels pour devenir des amorces dans le test de diagnostic de la RT-PCR. Les tests en laboratoire ont pu identifier 10 amorces (sur 375 candidats) qui représentaient des séquences situées sur 3 gènes : gène E (codant pour une protéine de l’enveloppe du virus), Gène N (codant pour une protéine de la capsule du virus) et RdRp (codant pour une enzyme capable de répliquer l’ARN du virus) [1].
Quelle est l’efficacité des tests actuellement disponibles ?
Il est rapporté qu’environ un patient sur 5 aurait un résultat négatif alors qu’il est infecté par le SRAS-Cov-2. Les chiffres exacts ne sont pas encore connus mais ces résultats préliminaires permettre de questionner l’efficacité du diagnostic du Covid-19. Il faut savoir, qu’en temps normal, obtenir une autorisation pour commercialiser un dispositif de diagnostic prend environ un an et demi. Il faut créer le dispositif, le tester en laboratoire, le comparer à un test de référence pour prouver son efficacité ainsi que le tester sur des grands échantillons de patients provenant de plusieurs centres pour le valider. Dans le cadre du Covid-19, du fait de l’urgence sanitaire, les autorités ont déterminé qu’il était raisonnable de commercialiser rapidement tout dispositif de diagnostic qui pourrait être efficace dans la détection du virus à partir du moment où ils respectent certains critères de fabrication. Ces dispositifs n’ont donc pas subit la procédure habituelle de validation et leur efficacité reste à prouver. Ils sont uniquement autorisés pour un usage d'urgence.
Utilité de l’imagerie dans le diagnostic
Pour un clinicien, établir un diagnostic final est possible en additionnant plusieurs examens. La RT-PCR n’étant pas efficace à 100%, il faut donc définir quels examens complémentaires peuvent nous aider à évaluer le risque d’un patient d’être porteur du Covid-19. En plus de l’intérêt de l’interrogatoire du médecin pour vérifier la présence de symptômes et autres facteurs de risque, un des examens les plus discutés est le scanner des poumons.
Il a été démontré a plusieurs reprises que certains patients avec un résultat négatif à la RT-PCR présentaient des anomalies typiques du Covid-19 lors d’un scanner des poumons [2]. Dans une étude sur 1014 patients de Wuhan en Chine, 57% (n=580) des patients étaient positifs à la RT-PCR et au scanner, 30% (n=308) uniquement au scanner, 2% (n=21) uniquement à la RT-PCR et 11% (n=105) étaient négatifs aux deux tests. Le scanner a permis de reconsidérer 147 patients comme hautement probable de Covid-19, 103 comme probable et 58 restant incertains [3]. Selon une autre étude, la combinaison RT-PCR / scanner semble être celle avec la plus haute sensibilité de diagnostic (capacité à détecter les patients malades ; 92%, 79/86 patients) comparé à la RT-PCR seule (78%, 68/87), au scanner seul (67%, 54/81) ou à la combinaison de deux (86%,75/87) [4].
Nous améliorons donc en permanence notre méthode de diagnostic du Covid-19. Dernièrement, une équipe italienne a proposé l’utilisation de l’échographie des poumons comme un moyen de diagnostic rapide et moins invasif que le scanner. Leur publication propose un protocole standardisé pour son utilisation [5]. Des résultats sont attendus pour confirmer son intérêt dans le diagnostic du Covid-19.
Quelles sont les complications possibles du Covid-19 ? Quels facteurs nous aident à prédire ces complications ? Vous trouverez quelques éléments de réponses ainsi que des liens vers les articles scientifiques pertinents à lire ci-dessous.
Complications
Bien qu’une grande majorité des patients Covid-19 présentent une forme légère à modérée de la maladie, de nombreux patients présentent des formes plus sévères avec des complications qui nécessitent une hospitalisation. Le temps médian entre l’apparition des symptômes et l’hospitalisation est de 11 jours (pour 50% des patients : de 8 et 14 jours) [1] pour une durée d’hospitalisation d’environ 11 jours (pour 50% des patients : de 7 à 14 jours) [1].
Les principales complications observées selon les données connues en Chine sont :
la prise en charge en unité des soins intensifs : Selon deux méta-analyses, elle concernerait 20,3% (intervalle de confiance à 95% - IC95% : 10,0–30,6%) [3] à 29,3%, (IC95% : 19,0-39,5%) [2] des patients Covid-19. Le temps médian entre l’apparition des symptômes et la prise en soins intensifs est de 12 jours (50% des patients entre 8 et 15 jours) [1]. Le temps passé dans cette unité est d’environ 8 jours (50% des patients entre 4 et 12 jours) [1].
le syndrome de détresse respiratoire aiguë : il concernerait 28,8% (IC95% : 14,7-42,9%) [2] à 32,8% (IC95% : 13,7–51,8%) [3] des patients. Le temps médian entre l’apparition des symptômes et ce syndrome est de 12 jours (50% des patients entre 8 et 15 jours) [1].
l’atteinte cardiaque sévère : elle concernerait 13% (IC95% : 4,1-13,0%) [3] des patients. Le temps médian depuis l’apparition des symptômes est de 15 jours (pour 50% des patients : de 10 à 17 jours) [1].
le syndrome de dysfonctionnements organiques multiples concernerait 8,5% (IC95% : 0,8-17,9%) [2] des patients.
le choc septique : il concernerait 6,2% (IC95% : 3,1–9,3%) [3] des patients. Le temps médian depuis l’apparition des symptômes est de 9 jours (50% des patients entre 7 et 13 jours) [1].
le décès : il concernerait 6,8% (IC95% : 4,4-9,3%) [2] à 13,9% (IC95% : 6,2–21,5%) [3] des patients Covid-19 en Chine. Le temps médian entre l’apparition des symptômes et le décès est de 18,5 jours (50% des patients entre 15 et 22 jours) [1].
Facteurs pronostiques
Dans nos articles précédents, nous avons mentionné les anomalies observées dans les analyses sanguines des patients Covid-19 ainsi que la présence de comorbidités chez un grand nombre de ces patients. Dans sa méta-analyse incluant 30 études et 53 000 patients Covid-19, Zhao et al. [4] a regroupé plusieurs de ces facteurs dans une même analyse statistique afin d’identifier lesquels d’entre eux étaient les meilleures prédicteurs de la sévérité de la maladie. Une forme sévère de la maladie existait chez 20,2% des patients (IC95% : 15,1-25,2%) et les décès concernaient 3,1% des patients (IC95% : 1,9-4,2%) intégrés à cette méta-analyse. L’âge (supérieur à 50 ans), le fait d’être un homme, de fumer et/ou de présenter une comorbidité (principalement une maladie chronique des reins ou des poumons ou une maladie cérébrovasculaire) étaient les principaux prédicteurs d’une forme sévère de la maladie. En ce qui concerne les analyses sanguines, un taux de lactate déshydrogénase (témoignant d’un dommage des tissus), de protéine C réactive (témoignant d’une inflammation) et de D-dimères (dosé dans les suspicions d’embolie pulmonaires) élevés ainsi qu’un taux de plaquettes et de lymphocytes bas était associés à une forme sévère du Covid-19. (voir « Analyses sanguines et imagerie médicale : anomalies fréquentes dans le Covid-19 » pour plus d’informations).
De nombreux autres facteurs ont été cités comme facteurs pronostiques du Covid-19. Des analyses statistiques complémentaires (en intégrant plusieurs facteurs dans la même analyse et non en les étudiant un après l’autre) sont nécessaires pour déterminer s’ils font partie des plus pertinents. Bien que certains facteurs comme l’âge et les comorbidités soient des facteurs que nous ne pouvons pas influencer, les facteurs étudiés dans les analyses sanguines peuvent, eux, être utilisés comme marqueurs de surveillance de la maladie, y compris dans la phase de guérison. Si les scientifiques y portent autant d’intérêt, c’est parce qu’ils peuvent aussi nous aider à trouver des traitements. Par exemple, Coomes et al. [5] ont pu démontrer que les taux d’interleukine 6 étaient 2,9 fois (IC95% : 1,2-7,2) plus élevés chez les patients ayant des complications comparés aux patients avec une forme légère du Covid-19. Un taux d’interleukine élevé est le signe d’une suractivation de la défense immunitaire pouvant être à l’origine des complications du Covid-19. Certains traitements, déjà disponibles pour traiter d’autres pathologies, ont la capacité de bloquer ces interleukines et sont donc considérés comme des traitements potentiels pour les patients Covid-19.