En octobre 2023, le service de Radiologie interventionnelle et diagnostique a réceptionné sur le site d’Eich le premier scanner du CHL permettant de réaliser des examens en charge, indispensables à l’évaluation de certains patients atteints de pathologies de l’appareil locomoteur. Il s'agit d'une première au Luxembourg.
Intérêt dans la chirurgie orthopédique et la médecine du sport
Lors d’affections du membre inférieur, une limite importante du bilan radiologique actuel (radiologie conventionnelle, scanner, arthroscanner, échographie, IRM) est qu’il permet uniquement l’acquisition d’images en position couchée. Les pathologies du membre inférieur sont toutefois souvent des affections dites fonctionnelles. En réalisant l’examen en position debout, la mise en charge des membres inférieurs permet de replacer le squelette dans sa position quotidienne. Il est ainsi possible de déceler d’éventuels rétrécissements de l'espace articulaire, frottements entre les os et/ou un mauvais alignement du membre qui ne seraient pas détectables en position couchée.
Le scanner en charge est particulièrement intéressant pour l’examen du pied, de la cheville ou du genou. Par exemple, après une entorse de l’une de ces articulations, l’articulation entière peut souffrir et devenir instable avec le temps. Les tissus mous (par exemple les ligaments), s’ils sont trop sollicités, peuvent en effet perdre leur capacité à maintenir l’articulation en appui. Le scanner en charge permettra de déceler comment l’articulation s’adapte, de mieux planifier les interventions chirurgicales en fonction de cette adaptation ainsi que d’assurer le suivi des patients, qu’ils soient opérés ou non. Le scanner en charge permettra aussi de contrôler les implants, s’ils sont anormalement mobiles ou présentent une usure précoce.
Avantages par rapport aux techniques d’imageries existantes
Il existe déjà des radiographies en charge. Celles-ci sont par exemple utilisées pour évaluer le stade de pincement articulaire au niveau du genou présent lors d’une arthrose avancée. Les radiographies ne permettent toutefois pas de visualiser les tissus mous en 3 dimensions comme le propose le scanner en charge. Leur apport diagnostique reste donc très limité et spécifique à certaines pathologies.
Les scanners classiques et les IRM sont plus coûteux et volumineux que le scanner en charge. Ce dernier permet d'obtenir des images d’un membre en 3 dimensions plus rapidement et avec une meilleure résolution, permettant une analyse plus précise de l’articulation. De plus, les doses de rayonnement sont moindres comparées au scanner standard et il représente une bonne alternative à l'IRM chez les patients souffrant de claustrophobie ou d'autres contre-indications à cet examen.
Avantages pour la société civile
Le scanner en charge peut permettre de remplacer certains examens actuels (radiographies, IRM, arthro-CT scans genoux et chevilles), allégeant en partie les temps d’attente pour un rendez-vous. Pour le patient, l’examen est aussi plus confortable (temps de réalisation moindre, non fermé comme l’IRM) et moins irradiant.
Dans les situations où le scanner en charge est indiqué et grâce à la précision de l’imagerie en 3 dimensions, le patient pourra bénéficier d’une meilleure qualité de diagnostic et d’une mise en place plus rapide d’un traitement approprié. Ceci permettra de limiter certaines arthroscopies diagnostiques jusqu’alors nécessaires par manque de technologies adaptées. En cas d’acte chirurgical, celui-ci pourra aussi être mieux planifié et personnalisé. L’acte chirurgical sera plus précis et sûr avec une diminution des récidives et reprises chirurgicales.
Enfin, en permettant une reconstruction précise de l’anatomie en 3 dimensions, le scanner en charge aura aussi un rôle non négligeable dans la formation et d’éducation des médecins en formation.