La recherche autour des maladies cardio-vasculaires

La recherche autour des maladies cardio-vasculaires

Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité dans le monde. A l’échelle du Luxembourg, les décès dus à des maladies cardiovasculaires telles qu’une crise cardiaque (infarctus du myocarde) ou une attaque cérébrale (accident vasculaire cérébral) représentaient la première cause de mortalité en 2015 selon les statistiques présentées en 2017 par le gouvernement du Grand-Duché de Luxembourg.

Au CHL, la recherche sur les maladies cardiovasculaires s’est développée autour des travaux des docteurs Daniel Wagner, cardiologue, et Pascal Stammet, anesthésiste-réanimateur. Avec leurs équipes, ils ont exploré les dimensions suivantes :

  • La prédiction des conséquences neurologiques des 
arrêts cardiaques.
  • La rééducation physique des insuffisants 
cardiaques.

Conséquences neurologiques des arrêts cardiaques

  • Température corporelle après arrêt cardiaque: Projet target temperature management

Le Dr Pascal Stammet, anesthésiste –réanimateur au CHL, s’intéresse à la possibilité que la température corporelle d’un patient après arrêt cardiaque puisse avoir des conséquences sur les chances de survie de ce patient et sa récupération. Après avoir participé à une étude européenne comparant la survie et les conséquences neurologiques de l’arrêt cardiaque de patients maintenus soit à une température de 33 ou 36 degrés, le Dr Stammet s’intéresse à la comparaison entre des patients maintenus à 33 degrés et d’autres pour lesquels l'équipe tente activement d’éviter la fièvre (température visée de 37,5 degrés maximum). Lors de la première étude, dont les résultats ont été salués internationalement, il avait été prouvé que le maintien à 33 ou à 36 degrés n’avait pas d’incidence sur la  capacité de récupération des fonctions neurologiques.

  • Les prédictions neurologiques après arrêt cardiaque: Thèse de doctorat « contribution to the outcome prediction after cardiac arrest »

En 2016, le Dr Stammet a présenté avec succès son mémoire de thèse en sciences médicales à l’Université de Liège. Reprenant les conclusions de sa première étude, sur l’utilité de l’électro-encéphalogramme simplifié après arrêt cardiaque, et suivant l’évolution de ses recherches jusqu’au questionnement sur la température corporelle idéale à laquelle maintenir un patient victime d’un arrêt cardiaque, ce travail était une forme de synthèse des différents travaux menés au fil des années, lui permettant d’apporter sa contribution sur la prédiction des conséquences neurologiques des arrêts cardiaques.


La rééducation physique des insuffisants cardiaques

Les insuffisants cardiaques sont des personnes dont le cœur n’arrive plus à éjecter convenablement le sang dans les organes périphériques, entre autres les muscles squelettiques, qui finissent par être déficitaires. En plus de l’insuffisance cardiaque, cette déficience va limiter la capacité de ces patients à faire des efforts au quotidien.

Jusqu’aux années 1990, on pensait que les personnes insuffisantes cardiaques ne devaient pas faire d’efforts trop importants pour ne pas surcharger leur cœur.

En travaillant avec le Dr Charles Delagardelle,  cardiologue,  Patrick Feiereisen, kinésithérapeute au service de physiothérapie du CHL,  a eu l’idée de  créer des programmes de renforcement des muscles périphériques, en dosant très méticuleusement l’entrainement proposé aux patients, et en suivant leur état cardiaque de très près afin d’exclure tout signe de surcharge du cœur.

Patrick Feiereisen et le Dr Delagardelle ont ainsi mené plusieurs études, en incluant de plus en plus de patients (15 au départ, 60 pour la dernière étude). Ils se sont aperçus que l’entraînement proposé, loin d’avoir un effet négatif sur le cœur, renforçait au contraire aussi bien les capacités musculaires que cardiaques, et que les personnes en insuffisance cardiaque gagnaient énormément en qualité de vie.


Registre d’endocardite au Luxembourg

L’endocardite infectieuse est une infection bactérienne d’une des valves cardiaques après le passage d’une bactérie dans le sang. Les complications peuvent être sévères, d’une destruction valvulaire avec défaillance cardiaque et/ou des embols septiques responsables d’atteintes d’autres organes comme des accidents cérébraux. C’est une maladie dont l’incidence en Europe ne diminue pas, malgré les projets en matière de diagnostic, de traitement antibiotique et de technique chirurgicale. Au CHL, l’endocardite infectieuse est traitée, selon les recommandations de la société européenne de cardiologie, par antibiothérapie intraveineuse sur plusieurs semaines, ou, dans ses formes plus sévères, par une chirurgie cardiaque avec remplacement valvulaire.

Pour mieux connaître l’incidence de la maladie au Luxembourg et élaborer un profil épidémiologique local, les médecins cardiologues du CHL ont développé un registre des endocardites, reprenant et analysant les données médicales des patients acceptant de participer à l’étude. A ce jour, une vingtaine de patients ont ainsi été recensés.

Patrick Feiereisen, kinésithérapeute au CHL

Je suis kinésithérapeute au CHL depuis 1996. Sportif dès l’enfance, j’ai très vite su que je voulais articuler ma vie professionnelle autour du sport. C’est lorsque j’ai été soigné par un kinésithérapeute du sport que j’ai compris que c’était le métier que je voulais faire : kinésithérapeute sportif. Mon rêve était de devenir kinésithérapeute de la délégation luxembourgeoise aux Jeux Olympiques !!

Lors de mon premier stage professionnel, en rééducation cardiaque, à l’Université Libre de Bruxelles, j’ai rencontré des kinés qui faisaient de la recherche. Ils étaient reconnus pour leurs travaux sur la rééducation à l’effort chez des patients transplantés cardiaques. Tout en appliquant les gestes classiques de rééducation, ils portaient un regard critique sur leur pratique, à la recherche de méthodes encore plus optimales de rééducation. Ils se posaient régulièrement des questions comme : « Pourquoi est ce que je fais ce type d’entraînement ? Quelle est l’action thérapeutique que je peux en attendre ? Est-ce le meilleur moyen de traiter ce patient ? ». Par ces réflexions, ils ont fait avancer les techniques de rééducation pour le bien du patient. En travaillant à leurs côtés, j’ai été imprégné de cet esprit critique, de cette réflexion permanente, et cela a fortement influencé le regard que je portais sur mon travail et sur ses nécessaires évolutions. Depuis ce premier stage, j’ai toujours cherché à améliorer ma pratique, les techniques que j’emploie, je me suis questionné et je me questionne tous les jours. C’est ça la recherche soignante.

Au CHL, j’ai trouvé une grande écoute du corps médical et de ma hiérarchie pour pouvoir poursuivre et consacrer du temps à ma recherche. C’est une des particularités de notre hôpital et c’est une chance.»

ARRET CARDIAQUE / INFARCTUS

  • Analyse de marqueurs sanguins pour évaluer les conséquences d'un arrêt cardiaque sur le corps

L'instauration d’un traitement par hypothermie, c'est-à-dire l'abaissement volontaire de la température du corps pour les patients admis après un arrêt cardiaque, permet de protéger leur cerveau. Il est cependant actuellement toujours impossible de prédire de façon fiable et de manière précoce (dans les premières 48 heures) les conséquences d’un arrêt cardiaque au niveau du cerveau et du cœur.

Le but de cette étude est d'évaluer les séquelles d’un arrêt cardiaque chez une cinquantaine de patients admis en réanimation et ayant reçu un traitement par hypothermie. Deux prélèvements sanguins seront effectués, (à 48 heures puis 7 jours après la fin du traitement par hypothermie) ainsi qu'un examen neurologique à la sortie de l'hôpital puis 6 mois après.

  • Mesure de la réactivité de la pupille pour évaluer l’aboutissement du coma après arrêt cardiaque

Il est habituel d’évaluer les fonctions du cœur et du cerveau et de réaliser une prise de sang après un arrêt cardiaque pour en mesurer les séquelles et  prédire le devenir des patients. Récemment, une étude a démontré qu’évaluer la réactivité de la pupille (ouverture centrale de l’œil qui s‘adapte à la quantité de lumière) permettrait de prédire de manière plus précise le pronostic du coma.

Le but de cette étude européenne est d’évaluer la validité d’un nouvel outil pour mesurer le pourcentage de réactivité de la pupille. 500 patients seront évalués, dont une cinquantaine à Luxembourg. Cinq examens seront réalisés dans les premières 72 heures (un examen toutes les 12 heures), qui incluront la mesure du diamètre de la pupille en plus des examens habituels du cœur et de la prise de sang. Les patients seront contactés 3 mois et 1 an après l’incident pour évaluer leur récupération.

  • Registre international des arrêts cardiaques

Le devenir des patients après arrêt cardiaque est très variable et dépend de nombreux facteurs. D’importants efforts ont été réalisés ces dernières années dans la prise en charge de ces patients. Toutefois, les traitements peuvent différer selon les pays et les hôpitaux.

Autour de la mise en œuvre de ce registre sont rassemblés des hôpitaux et des sociétés de recherche d’Europe et des Etats-Unis dans le but d’améliorer les soins après arrêt cardiaque. Les données relatives à la prise en charge des patients seront extraites du dossier médical.  Elles incluront les circonstances de l’arrêt, les antécédents du patient, le temps entre l’arrêt et la prise en charge, les examens réalisés (examen du cœur, imagerie du cerveau, prise de sang, scores cliniques, etc) et les interventions réalisées (défibrillation, traitement par hypothermie, prise de médicaments, etc).

  • Caractérisation tissulaire myocardiaque chez le sujet sain par IRM

L’IRM cardiaque est une technique d’imagerie qui connait un grand essor depuis 10 à 15 ans. Elle fournit des informations anatomiques et fonctionnelles précises sans danger pour le patient. L’IRM permet en particulier d’identifier une variété de composantes anormales du muscle cardiaque, comme par exemple l’infiltration graisseuse, l’inflammation ou les cicatrices, et constitue ainsi la technique de diagnostic non invasif d’excellence dans une majorité de maladies du cœur.

D’importants efforts techniques sont actuellement entrepris afin de permettre une analyse quantitative objective des images IRM. Parmi ces efforts s’inscrit la technique dite de « cartographie T1 » myocardique qui reflète la structure du tissu. Cette technique nécessite un processus de validation préalable qui constitue le but de cette étude : vingt sujets sains (sans problème cardiaque) passeront un examen du cœur par IRM. La validation permettra de connaître la valeur du T1 myocardique chez le sujet sain et d’établir la stratégie d’examen la plus efficace.

  • Contribution de la cartographie T1 IRM dans la détection des cardiopathies infra cliniques chez le sujet sportif

La pratique d’un sport ou d’un exercice musculaire, quel qu’il soit, entraîne une adaptation cardiovasculaire à l’effort. Cette hypertrophie du muscle cardiaque est reconnue depuis longue date chez les sportifs. Elle peut constituer un risque pour la santé en cas de pratique intensive du sport.

Le but de cette étude est de prédire le risque de développer un accident grave (par exemple un arrêt cardiaque) lié à la pratique du sport en améliorant notre compréhension de la relation entre le muscle cardiaque et ses propriétés électriques. Une trentaine de sportifs seront contrôlés, en premier lieu avec un IRM du cœur, puis lors d’un second rendez-vous, avec un électrocardiogramme (permettant d’évaluer l’activité du cœur).

  • Imagerie de la fibrose myocardique dans le remodelage ventriculaire après infarctus

L’infarctus du myocarde survient lorsqu'un caillot sanguin bloque la circulation du sang au niveau du cœur pouvant alors endommager ou détruire une partie du muscle cardiaque. Après un infarctus, un examen cardiaque par IRM est prescrit pour évaluer les conséquences à long terme sur le cœur.

Cette étude cherche à analyser la relation entre la structure du muscle cardiaque telle que décrite par l’IRM et certaines propriétés électriques du cœur. Le but est d’améliorer l’interprétation de l’examen IRM cardiaque pour mieux prédire le risque des patients de développer une insuffisance cardiaque. Certaines des images acquises lors de l’actuel examen IRM seront récupérées afin d’estimer la structure de la cicatrice de l’infarctus et la présence éventuelle de tissu fibreux dans le muscle cardiaque normal. Lors d’une deuxième visite, une prise de sang et un électrocardiogramme (permettant d’évaluer l’activité du cœur) seront réalisés. Une cinquantaine de patients seront recrutés.


INSUFFISANCE CARDIAQUE

  • Relation entre l'activité électrique du cœur et sa structure

Le cœur est un muscle possédant ses propres propriétés électriques permettant sa contraction. Une anomalie du muscle du cœur ou de ses propriétés électriques peut conduire à des troubles du rythme cardiaque.

Le but de cette étude est de mieux comprendre la relation entre la structure du muscle cardiaque observé par imagerie (aspect normal ou épaississement du muscle) et ses propriétés électriques chez des patients présentant des anomalies cardiaques de diverses origines. Trois groupes de 10 patients seront analysés: après infarctus du myocarde, avec troubles cardiaques d'origine musculaire ou avec anomalies du rythme électrique. Tous se verront proposer une exploration de l'activité électrique de leur cœur qui sera complétée dans le cadre de cette étude d'un IRM (imagerie à résonance magnétique) du cœur.

  • Suivi européen des habitudes d’implantation de dispositifs cardiaques

Une anomalie des propriétés électriques du cœur peut provoquer des anomalies de contraction et de relaxation du muscle cardiaque l’empêchant de pomper le sang efficacement pour le fournir au reste du corps.  Parfois, un système de synchronisation cardiaque doit être implanté pour améliorer les symptômes liés à cette insuffisance cardiaque.

Le but de cette étude, menée par la Société européenne de cardiologie, est de comparer les pratiques d’implantation de dispositifs cardiaques d’un pays européen à l’autre et d’en améliorer l’utilisation. Au Luxembourg, 20 à 25 patients devant recevoir un implant pour des raisons médicales seront recrutés. Les données suivantes seront extraites du dossier médical : antécédents du patient, raison pour laquelle le dispositif est implanté, résultats de la prise de sang et des évaluations du cœur avant et après la pose de l’implant, complications à l’installation de l’implant, évènements indésirables après la pose.


RISQUES LIES A L’ANESTHESIE

  • Complications après anesthésie chez le nouveau-né 

Malgré les progrès de la médecine, les nouveaux nés sont souvent victimes d’effets indésirables à la suite d’anesthésies régionales et/ou générales. Afin de mieux évaluer la qualité et la sécurité de la prise en charge après anesthésie chez les nouveaux nés, la Société Européenne d’Anesthésiologie a pris l’initiative de développer un suivi des pratiques courantes sur plusieurs centres en Europe.

Le but est d’observer les pratiques habituelles des équipes médicales afin de mieux prévenir tout évènement indésirable après anesthésie chez le nouveau-né. Jusqu’à 5000 nouveau nés seront étudiés en Europe. Des données sur l’état de santé, l’anesthésie et son suivi (monitoring de 120 minutes) seront récupérées. Les parents du nouveaux nés seront aussi appelés 90 jours après l’anesthésie afin de lister tout évènement secondaire ayant eu lieu.


ENDOCARDITE INFECTIEUSE

  • Registre d’endocardites au Luxembourg

L’endocardite est une infection bactérienne d’une des valves cardiaques. Elle peut survenir sur valve déjà malade ou même en l’absence de maladie cardiaque connue. Les complications peuvent être sévères (destruction de la valve avec défaillance cardiaque et/ou amas de bactéries dans le sang avec atteinte d’autres organes). C’est une maladie liée à un risque de décès important.

Le registre a pour but d’optimiser la prise en charge des patients en précisant l’incidence, les facteurs favorisants, la prise en charge et l’évolution de la pathologie. L’étude consistera à récupérer les données issues du suivi médical des patients atteints d’une endocardite (intervention, examen du cœur, imagerie, analyse labo, habitude de vie, etc). Ce registre devrait inclure 15 à 20 patients par an.

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