Formée en Nouvelle Zélande et Allemagne (Université de Freiburg et Charité à Berlin), et d’origine luxembourgeoise, le Dr Becker a été « touchée » par la recherche à Berlin.
À l’hôpital universitaire de la Charité, la recherche fait en effet partie intégrante de la formation des médecins qui ont la possibilité d’y consacrer officiellement une partie de leur temps de travail. Dans une ambiance émulatrice, médecins seniors, experts et étudiants discutent les dossiers, échangent leurs idées sur des traitements possibles, proposent de nouvelles thérapies. Pour Dr Becker, cette combinaison entre un travail purement clinique auprès des patients et de la recherche pour mieux comprendre une maladie ou trouver des traitements novateurs est fondamentale. L’un ne peut aller sans l’autre.
« S’il n’y avait pas la recherche, la médecine n’avancerait pas ».
Dr Marianne BECKER, pédiatre endocrinologue et chercheur au CHL
Et en endocrinologie pédiatrique, il y a encore de nombreuses choses à découvrir ! Les chercheurs s’intéressent notamment pour l’instant beaucoup à la mini-puberté. C’est une période de la vie des nourrissons, qui, entre un et six mois, produisent des hormones comme au moment de la puberté. Cette période est courte, elle s’arrête après quelques mois, mais pendant cet intervalle de temps, l’axe hypophyse/ovaire ou hypophyse/ testicule s’active. On ne comprend pas encore très bien pourquoi se produit cette mini-puberté, pourquoi la nature déclenche ce phénomène et à quoi il sert exactement « et il doit servir à quelque chose, dit Dr Becker, peut-être qu’il pourrait nous permettre de mieux comprendre des aspects de notre système immunitaire, son développement et son activation, en relation avec cette stimulation du système sexuel».
Pour l’instant, avant même de pouvoir travailler plus en profondeur sur la mini-puberté, Dr Becker et Dr de Beaufort ont lancé une étude, en collaboration avec l’Université de Luxembourg (LCSB, Luxembourg Center for Systems Biomedicine) pour voir s’il est possible de doser les hormones à partir d’un prélèvement de salive ou d’urine du bébé. Ce qui serait beaucoup plus facile et bien moins douloureux qu’une prise de sang sur un nouveau-né !
Dr Becker et toute l’équipe du service d’endocrinologie pédiatrique s’intéressent aussi à une autre piste, concernant l’hypercholestérolémie familiale, une pathologie sévère fréquente avec des complications cérébro- vasculaires graves. Cette maladie est un « silent killer », difficilement identifiable : l’athérosclérose s’installe mais les symptômes ne sont observés qu’en cas d’accident cérébro ou cardiovasculaire, vers l’âge de 30/40 ans. On sait qu’une prévention des complications et des décès précoces est possible, si l’on identifie et traite les personnes à risque avant que les anomalies vasculaires ne se mettent en place. D’où l’importance d’un dépistage précoce au niveau national, qui ne se fait pour l’instant que par prise de sang. Pour le Dr Becker, il est intéressant de réfléchir à d’autres moyens de prélèvement et de mesure du cholestérol, moins invasifs et plus adaptés pour les jeunes.
Ainsi, en collaboration avec des chercheurs du LIH (Luxembourg Institute of Health) elle est en train de vérifier si le taux de cholestérol pourrait être mesuré à partir des cheveux.
« si nous arrivions à mettre au point une telle technique, quel impact sur la population! On pourrait faire un dépistage national du taux de cholestérol pour trouver, traiter et donc sauver des patients atteints d’une hypercholestérolémie familiale, simplement en prélevant des cheveux ! »